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Avril 2001

Nous sommes toujours à la recherche d'une solution, naturellement. Mais nous sommes aussi aux prises avec une situation difficile à contrôler. Nous en sommes venus à quelques conclusions: A. est difficile en classe. Nous ne nous le sommes jamais caché, mais je le répète pour que vous ne pensiez pas que nous ne blâmons que les autres. Mais enfin, soyons directs, son professeur fait dur. Il s'agit d'une personne qui ne semble avoir que très peu de capacité de fonctionner avec ce genre d'enfants. Lorsqu'il manque de discipline dans la classe, le professeur crie parfois (vous savez tous à quel point ceci peut être inefficace avec ces enfants). L'humiliation des enfants difficiles semble être de plus en plus la technique de choix. Rien pour aider. Je suis certain que ce professeur fait tout ce qu'il peut, mais le problème est qu'il ne peut pas grand-chose.

Autre problème: les règlements qui doivent être suivis. "On ne peut pas faire d'exception" nous répète-t-on. Mais n'avons-nous pas affaire à des enfants exceptionnels? "Il est assis dans le fond de la classe, il bouge trop sur sa chaise" nous dit-on. Sacrez-lui patience, me dis-je. S'il ne dérange pas, laissez le faire. Il ne peut pas s'en empêcher, alors pourquoi le chicaner? "Il parle dans les rangs alors que les règlements disent qu'il faut entrer dans l'école en silence" continue-t-on. Hmmm. Règlement très important, je suis certain que sa carrière sera ruinée dans quelques années parce qu'il n'a pas appris à se taire dans les rangs. Par contre, à cause de cette situation, l'humiliation répétée de se faire pointer du doigt par les éducatrices ne l'affectera certainement pas. (le ton est ironique, pour ceux qui l'ignoreraient).

Fin avril 2001

Ces derniers jours, A.nous semble un peu plus faché, agressif et distrait que d'habitude. Bien sûr, il a ses moments, ses hauts et ses bas. Mais je trouve que ces derniers jours ne suivent pas tout à fait son cheminement habituel.

À l'école, on nous dit qu'il raconte que quand ils sera plus grand, "ils vont y goûter", ou quelque chose du genre. Pas très rassurant. Que faire? On dirait vraiment qu'il est plus sensible ou susceptible.

Je suis allé le chercher avec Sandra à l'école aujourd'hui. Elle s'est fait appeler au travail pour se faire dire qu'il était en retrait parce qu'il mangeait son efface. (Et qu'il dérangeait, mais l'efface semblait importante à leurs yeux. Je ne suis pas certain de comprendre.) Encore une fois, il est bien sensible, explose facilement, etc. Je lui dis qu'en arrivant à la maison, nous allons avoir une longue conversation tous les deux.

Sincèrement, je commencais à être un brin frustré par toute cette situation. Vous savez ce que c'est. Certains jours, on se sent capable d'affronter bien des obstacles. D'autres, on se demande comment on va faire pour passer la journée. Aujourd'hui, je n'étais pas d'humeur à être souriant et j'aurais pu facilement le chicaner pendant de longues minutes.

Mais en arrivant dans sa chambre, je me suis calmé. Pas facile, mais nécessaire. Je lui ai demandé ce qui n'allait pas. Il m'a ignoré. Je lui ai demandé une seconde fois. Toujours pas de réponse. Il joue avec ses jouets et essaie de changer le sujet (ses jouets voulaient me donner des becs, semble-t-il).

J'insiste doucement, amicalement:

- A., tu me sembles souvent fâché ces jours-ci. Qu'est-ce qui se passe?

- Rien.

- Mais je trouve que tu te fâches facilement. Tu ne dois pas aimer ça être fâché aussi souvent?

- Non, je n'aime pas ça.

- Et tu ne trouves pas que tu te fâches trop souvent? Ce n'est pas platte d'être tout le temps de mauvaise humeur?

- Je ne le suis pas tant que ça.

- Mais ça ne te tanne pas de l'être quand même autant?

- Oui

- Mais alors, pourquoi? Qu'est-ce qui se passe qui fait que tu te fâches autant? Explique-moi ce qui arrive.

Il commence à me dire que ce n'est pas juste, que les autres sont méchants. Puis il éclate et court retrouver Sandra. C'est alors que ce qui semble être des semaines (des mois?) de frustration sortent d'un seul coup. Il pleure, il crie, il pleure encore, il dit qu'ils vont y goûter un jour, etc. Il semble désespéré, à bout de nerfs.

Nous essayons de savoir de quoi il parle. À travers les pleures et les cris, nous l'entendons dire qu'il n'en peut plus, que ce n'est pas juste. Plusieurs garçons de son école semblent prendre plaisir à l'enrager. Certains se battent même avec lui. Souvent, ils le traitent de niaiseux et lui disent qu'il est le plus niaiseux de la classe (en passant, malgré son déficit d'attention, A. a de bonnes notes).

Nous tentons de le rassurer, de le calmer, de lui dire que nous allons l'aider. Au bout d'une vingtaine de minutes, il semble se sentir un peu mieux. J'espère sincèrement que ça lui a fait du bien "d'exploser" ainsi. La tension et le stress qui montent en lui doivent être parfois insupportables.

Cet événement me rappelle certains faits importants. En voici quelques-uns: à l'école, nous n'avons pas le contrôle sur ce qui se passe. Il existe tellement de variables: le professeur, les éducateurs, le service de garde, les autres étudiants, etc. Comment pouvons-nous lui apprendre à vivre avec sa différence lorsqu'il est régulièrement ridiculisé. Et c'est une sorte de cercle vicieux: le professeur ne sachant parfois plus quoi faire avec lui le met en retrait. Cette séparation régulière du groupe l'ostracise encore plus qu'il ne le faudrait, faisant de lui une cible idéale pour les baveux de la classe. Il se fait donc régulièrement écoeurer par d'autres étudiants. Il se sent alors moins bien et devient plus nerveux, ce qui pousse le professeur à l'exclure encore plus, etc., etc., etc.

Autre fait: il est difficile d'apprendre à un enfant à être non violent lorsque le milieu scolaire n'est pas capable de l'aider. Ceci n'a rien de nouveau. Dans mon propre jeune temps, les professeurs arrivaient toujours trop tard lors des récréations pour arrêter une situation qui tourne en bataille. Mais A. étant déjà marqué comme un enfant difficile, sa crédibilité en prend un coup auprès des surveillants. Doublement frustrant pour lui (et pour nous) parce qu'il me semble fondamentalement non violent, mais aucune de nos solutions proposées ne semble régler les problèmes qu'il vit. Et à 8 ans, c'est encore difficile de se bâtir un bon mur psychologique. Il se fâche donc de plus en plus et rêve de vengeance.Nous allons tenter à nouveau de parler aux responsables de l'école. Mais c'est ce que nous faisons depuis des mois.